Ken Wallis discute avec Brandon Isaak

Crédit photo : Ken Wallis.

Originaire du Yukon et désormais installé en Colombie-Britannique, Brandon Isaak est un vétéran aguerri de la scène blues. Ses distinctions comprennent de nombreuses nominations à des prix prestigieux dans le domaine du blues, mais son objectif principal reste de divertir. Et divertir, il le fait avec brio. En tournée depuis plus de 35 ans, il livre son son unique et ses paroles avec une passion immédiatement perceptible par le public.

Ken Wallis a interviewé Brandon Isaak pour l’émission de radio BluesSource Canada. Vous trouverez ci-dessous des extraits de cette entrevue, révisés et condensés pour plus de clarté et de concision.

Ken Wallis

Brandon Isaak vient de sortir un tout nouvel album. C’est un excellent disque et il porte un titre très intéressant, Walkin' With The Blues. Et pour nous en parler, voici Brandon Isaak. Brandon, ravi de te revoir.

Brandon Isaak

Salut Ken, ravi de te revoir également.

Ken Wallis

Alors dis-nous, pourquoi t’es-tu lancé dans le Blues au départ ?

Brandon Isaak

C’est une bonne question… En fait, j’écoutais beaucoup de vieux rock’n’roll quand j’étais gamin, des groupes comme Led Zeppelin ou Black Sabbath. Et en écoutant ça, tôt ou tard tu te demandes d’où ça vient, ce que ces gars écoutaient eux-mêmes, et qui a écrit certains de ces morceaux qu’ils reprenaient — des types comme Sonny Boy Williamson ou d’autres. C’est comme ça que je suis arrivé au Blues, en creusant dans les racines du rock des années 60 et 70. C’était naturel pour moi de jouer du Blues. J’ai joué beaucoup de styles, du country et autres, j’ai gagné ma vie en portant plusieurs casquettes. Mais le Blues a toujours été quelque chose de naturel pour moi. Je sentais que j’étais fait pour en jouer, en quelque sorte.

Ken Wallis

Ton album marque un petit tournant. Je t’ai vu jouer plusieurs fois, souvent en acoustique, et là, tout à coup, voilà un album de Blues bien rock. Et tu l’appelles un disque de Blues « à l’ancienne ». Qu’entends-tu par là?

Brandon Isaak

Je crois que beaucoup de morceaux de l’album sont vraiment du Blues à l’ancienne. Aujourd’hui il y a beaucoup de Blues-Rock, que j’adore aussi. Mais là, par exemple, j’ai un titre qui sonne vraiment comme un morceau de Jimmy Reed. Je n’essaie pas de réinventer la roue ou de rendre ça super branché pour les jeunes. Je rends simplement hommage à ce style génial de la fin des années 50, début 60, comme Jimmy Reed. J’essaie de garder ça vivant, avec des thèmes et des paroles plus modernes. Sur pas mal de chansons, je tente de faire vivre encore ces vieux grooves.

Ken Wallis

Dans la chanson Walkin' With The Blues, tout le monde cite les quatre vers principaux, mais la phrase qui m’a marqué, c’est celle où tu dis que tu vas partager ce fardeau. Est-ce que tu parles du poids d’être musicien, ou du poids de garder le Blues vivant ?

Brandon Isaak

Le titre Walkin' With The Blues ne veut pas forcément dire que c’est une route sombre ou déprimante. Quand j’ai écrit cette chanson, c’était plus une métaphore de la vie, du voyage. J’ai marché avec le Blues pendant longtemps. Mais ça ne veut pas dire que je suis déprimé. Je vois le Blues comme un verre à moitié plein. Oui, je chante parfois des thèmes sombres ou de galère, mais la majorité de ma musique est joyeuse et agréable. C’est ce type de Blues que j’aime, parce que c’est simplement l’histoire humaine, racontée de façon heureuse ou triste.

Ken Wallis

Tu es musicien, mais aussi conteur. Et je pense que cet album reflète beaucoup cela. Quand tu écris une chanson, qu’est-ce qui vient en premier : la musique ou les paroles?

Brandon Isaak

Un peu des deux, ça dépend. Parfois tu trouves un petit riff accrocheur, ou tu t’inspires d’un son à la Jimmy Reed et tu commences à jouer. Ensuite tu veux chanter quelque chose d’un peu plus moderne pour que les gens s’y accrochent. Donc parfois c’est la musique qui vient d’abord, parfois les paroles. Si c’est un texte assez lourd, tu vas peut-être choisir un accord mineur qui reflète ce ton sombre. Ensuite, tu « habilles » les paroles. Ce que je veux dire par là, c’est que tu essaies différents grooves, accords, tempos… et tu cherches le vêtement qui correspond aux paroles.

Ken Wallis

Raconte-nous comment cet album a été enregistré et où.

Brandon Isaak

Il a été enregistré chez moi. J’ai plusieurs vieux micros à ruban, et d’autres aussi, mais je préfère les rubans parce qu’ils ont un son chaleureux. J’adore leur qualité sonore. J’ai essayé d’obtenir un son le plus organique et naturel possible. Pour la batterie, je n’ai pas voulu la sur-mixer. Dans beaucoup de mes enregistrements préférés, la batterie est simplement « dans la pièce », en arrière-plan, pas un micro sur chaque tambour, chaque charleston ou chaque cymbale. Cela dit, il n’y a rien de mal à cette technique — c’est un super moyen de faire de la grande musique aussi.

Ken Wallis

Tu as également produit l’album. Est-ce que ça a changé ta perspective pendant l’enregistrement ?

Brandon Isaak

Oui, ça veut dire qu’il faut jouer et en même temps s’assurer que ça sonne bien. Mais c’est faisable : il suffit de garder les choses simples. Quand ça sonne bien et que tu es à l’aise, tu appuies sur « record » et c’est parti. Et quand c’est fini, tu appuies sur « stop ». [RIRES]

Ken Wallis

Eh bien, c’est un vrai plaisir à écouter. J’encourage vraiment nos auditeurs à se le procurer. Où peut-on trouver ton album ?

Brandon Isaak

Il est disponible sur toutes les plateformes de streaming, mais le meilleur moyen de soutenir un artiste reste d’aller directement sur son site web. Le mien, c’est Brandonisaak.ca, ou sur Bandcamp. C’est la meilleure façon, car là, tu mets réellement un peu d’argent dans la poche de l’artiste. Mais l’important, c’est que la musique soit entendue, peu importe le moyen.

Ken Wallis

C’est certain. Mais moi, j’encourage toujours les gens à acheter plutôt qu’à seulement streamer. C’est essentiel pour que les musiciens de Blues puissent continuer. Alors merci pour tout ce que tu fais pour garder le Blues vivant, et j’espère qu’on aura l’occasion de se revoir bientôt.

Brandon Isaak

Et Ken, j’apprécie vraiment ce que tu fais pour le Blues. Merci à toi.

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