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Steve Earle & Reckless Kelly – Mort ou parti à Dallas

  • Photo du rédacteur: Stevie Connor
    Stevie Connor
  • il y a 10 heures
  • 5 min de lecture
Steve Earle & Reckless Kelly


Lorsque Steve Earle a débarqué sur la scène avec Guitar Town en 1986, il était clair qu’il n’avait aucune intention de suivre les règles de Nashville. Ses chansons avaient de la poussière sous les ongles, une énergie insatiable, à la fois country, rock et folk — mais toujours profondément personnelles. Près de quarante ans plus tard, Earle marche toujours sur cette ligne de crête : il continue de raconter des histoires qui frappent fort, et de créer une musique qui refuse obstinément d’être enfermée dans une case.


Son nouveau single, Dead or Gone to Dallas, en est la preuve éclatante. Écrit par Earle et enregistré avec les icônes de l’Americana Reckless Kelly, le morceau est une chevauchée effrénée qui oscille entre lamentation et sourire en coin. En surface, c’est une observation pleine d’esprit — tout le monde que le narrateur connaît est soit sous terre, soit parti s’installer à Dallas. Mais sous l’humour perce une vérité universelle : les villes changent, les gens s’en vont, et le temps n’attend personne.


« C’est simplement du country rock sans concession, avec un groupe derrière moi qui sait exactement comment le jouer », dit Earle à propos du titre. Et il a raison. Reckless Kelly — menés par les frères Willy et Cody Braun — est un groupe forgé dans le creuset des routes américaines, des festivals et des bars enfumés. Depuis près de trente ans, ils portent haut le flambeau du country “outlaw” avec un mélange d’authenticité brute et d’énergie taillée pour les grandes scènes. GRAMMY à la clé, disques en tête de classement, festivals en tête d’affiche : leur véritable force reste cette capacité à embraser une salle — ou un champ — grâce à un son sans fard devenu rare.


Cette énergie traverse Dead or Gone to Dallas. Dès les premières mesures, la chanson respire la vie : les riffs de guitare avancent avec assurance, la section rythmique balance avec panache, et la pedal steel vient ajouter juste ce qu’il faut de twang. La voix d’Earle — rocailleuse, marquée par les années mais jamais fatiguée — trône au centre, telle celle d’un vieux conteur qui se penche pour vous glisser la blague à l’oreille.


Reckless Kelly ne se contente pas de l’accompagner : ils propulsent la chanson vers l’avant, avec la fougue d’un groupe qui sait transformer une bonne histoire en grand morceau.


« La première fois que j’ai entendu la démo, je me suis dit : c’est la chanson parfaite pour qu’on y mette notre empreinte — elle a ce côté Steve Earle vintage sur lequel on s’est forgé », confie Willy Braun. Un aveu qui en dit autant sur les racines de Reckless Kelly que sur l’influence d’Earle. Car peu d’artistes ont façonné le paysage Americana comme Steve Earle. Ses chansons ont été reprises par Johnny Cash ou Emmylou Harris, ses albums ont remporté plusieurs GRAMMY, et son hymne Copperhead Road (1988) est si profondément ancré dans la culture américaine qu’il a été officiellement reconnu chanson de l’État du Tennessee en 2023.


Mais Earle n’a jamais été qu’un auteur-compositeur. Il est aussi romancier, dramaturge, activiste politique et acteur — il a brillé dans des séries acclamées comme The Wire ou Tremé. Avant tout, il reste un troubadour, l’un des derniers de cette espèce rare capable d’équilibrer une écriture acérée et un cœur rebelle. Dead or Gone to Dallas rappelle que sa plume n’a rien perdu de son tranchant et que sa voix garde l’autorité de celui qui a vécu chaque mot qu’il chante.


Pour Reckless Kelly, cette collaboration s’inscrit comme un jalon symbolique dans une carrière de près de trois décennies. L’année 2025 marque à la fois leurs 30 ans d’existence et les 20 ans de leur album phare Wicked Twisted Road — disque qui a cimenté leur réputation comme l’un des groupes les plus essentiels de l’Americana. Pour l’occasion, il ressort en vinyle, permettant aux anciens comme aux nouveaux fans de redécouvrir un album qui a marqué toute une génération de musiques racines.


Leur dernier album, The Last Frontier (2024), a donné naissance à deux singles numéro 1 et porté une tournée à guichets fermés qui est passée par le Ryman et l’AmericanaFest. Fidèles à leur ancrage, les frères Braun continuent aussi d’organiser leur fameux Braun Brothers Reunion Festival à Challis, Idaho — un rendez-vous qui met en lumière le meilleur de l’Americana tout en soutenant la communauté locale. Là où tant de groupes disparaissent, Reckless Kelly perdure — non pas en courant après les modes, mais en misant toujours sur l’authenticité.


L’union d’Earle et de Reckless Kelly sonne donc comme une évidence, et même comme un symbole. Ce n’est pas juste une collaboration : c’est un dialogue entre générations de l’Americana. Earle, le vétéran qui a contribué à définir le genre, et Reckless Kelly, les porteurs de flambeau qui l’ont amené au XXIe siècle, se retrouvent pour nous rappeler où bat le cœur de cette musique. Et quel cœur ! À la fois mélancolique et joyeux, rugueux et gracieux, nostalgique et célébratoire.


Fraîchement sortis d’un concert partagé en tête d’affiche au Calgary Folk Festival, la complicité entre Earle et Reckless Kelly saute aux yeux. Sur scène, ils se nourrissent mutuellement ; en studio, cette alchimie donne naissance à un titre à la fois intemporel et urgent. On sent la joie de faire une musique qui ne triche pas, qui ne pose pas, mais qui existe tout simplement.


Au fond, Dead or Gone to Dallas est bien plus qu’un simple morceau de country-rock survitaminé. C’est une méditation sur le changement, sur l’absence, sur ce que signifie rester ou partir. C’est un clin d’œil à la mortalité, livré avec ce sourire en coin dont Steve Earle a le secret. Et c’est aussi une nouvelle preuve du talent de Reckless Kelly à sublimer une chanson sans jamais éclipser l’histoire qu’elle raconte.


Alors que l’Americana continue d’évoluer, des collaborations comme celle-ci rappellent l’essentiel : ce genre n’est pas une boîte où il faut rentrer, mais une tradition vivante qu’il s’agit de transmettre — honorer le passé tout en parlant au présent. Avec Dead or Gone to Dallas, Steve Earle et Reckless Kelly offrent bien plus qu’une chanson réussie : ils nous rappellent pourquoi cette musique compte toujours.


Brut. Authentique. Inoubliable.



À écouter absolument : Steve Earle & Reckless Kelly

Si Dead or Gone to Dallas vous a donné envie d’aller plus loin, voici quelques incontournables pour plonger dans l’univers des deux artistes :


Les essentiels de Steve Earle

  • Guitar Town (1986) – l’album qui a tout déclenché, une pierre angulaire de l’Americana.

  • Copperhead Road (1988) – l’hymne hors-la-loi emblématique d’Earle, aujourd’hui chanson officielle de l’État du Tennessee.

  • The Revolution Starts… Now (2004) – un classique engagé et récompensé par un GRAMMY.

  • Jerry Jeff (2022) – un hommage poignant à son mentor Jerry Jeff Walker.

  • Alone Again (Live) (2024) – son plus récent album, où le troubadour se dévoile dans toute sa vérité.


Les essentiels de Reckless Kelly

  • Wicked Twisted Road (2005) – leur album phare, célébré pour ses 20 ans avec une réédition vinyle.

  • Bulletproof (2008) – un Americana survitaminé, aux accents politiques.

  • Long Night Moon (2013) – un disque plus introspectif, plusieurs fois récompensé.

  • Sunset Motel (2016) – riche en histoires et en textures musicales.

  • The Last Frontier (2024) – leur 17e album, avec deux singles numéro 1 et une tournée triomphale.


Ensemble, ces albums forment l’ossature de l’Americana moderne — un genre qui vit par le récit, la résilience et les collaborations de ce type.


Steve Earle & Reckless Kelly


STEVE EARLE


RECKLESS KELLY




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