Le long chemin vers Flin Flon : le voyage d’un joueur de cornemuse écossais, des ballades de bothy aux championnats du monde
- Megan Routledge
- il y a 2 jours
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Stevie Connor, Markham, Ontario, Canada. Vers 2011.
Ayant grandi en Écosse, entouré des légendes du monde des pipe bands, il a appris non seulement les notes et les rythmes de la cornemuse, mais aussi les histoires, la discipline et les traditions qui les sous-tendent. Des Bothy Ballads de son grand-père dans les fermes de Heriot aux triomphes mondiaux de son père avec Shotts et Dykehead, les premières années de Stevie furent une véritable leçon de dévouement, de mentorat et de la magie discrète de la musique transmise de génération en génération. Ce qui se dévoile ici dépasse le simple mémoire — c’est une fenêtre ouverte sur la construction d’une vie façonnée par le son, l’héritage et une dévotion inébranlable à l’art.

Craigmount High School Pipe Band, Édimbourg, années 1970. Stevie Connor, 3ᵉ rangée depuis le haut, tout à gauche.
Mon voyage avec la cornemuse a commencé dans les recoins doux de l’enfance, dans le salon de notre maison à Bathgate. J’avais environ sept ou huit ans lorsque mon père, Danny Connor, commença à laisser un practice chanter à des endroits stratégiques de la maison. C’était une invitation déguisée en simple objet. Mon père, champion du monde avec le Shotts and Dykehead Caledonia Pipe Band, avait un don pour cultiver le talent subtilement. Le chanter, posé innocemment entre les coussins du canapé ou appuyé contre une chaise, n’était jamais qu’un jouet — c’était une invitation à explorer un héritage.
Je me souviens l’avoir pris pour la première fois, intrigué par son son étrange et creux. Mon père me suggérait doucement d’essayer la gamme, me guidant patiemment à travers les notes avec encouragement. Dès le départ, il était clair que ce n’était pas seulement une question d’apprendre un instrument ; il s’agissait de se connecter à une tradition. Son mentorat discret a posé les bases d’une passion durable.
Reconnaissant mon intérêt, mon père m’inscrivit à des cours au Boghall and Bathgate Pipe Band, sous la direction du Pipe Major Bob Martin, un ami proche de la famille. Là, j’ai commencé à affiner mes compétences avec précision technique et sens artistique. Les leçons étaient rigoureuses ; j’appris vite que jouer de la cornemuse exigeait discipline, dévouement et cœur.
Lorsque notre famille retourna à Édimbourg, j’ai dû quitter le Boghall and Bathgate Pipe Band, et le chanter resta silencieux pendant un certain temps. L’instrument fut mis de côté alors que je m’adaptais à mon nouvel environnement, mais la graine était plantée. Quelques années plus tard, mon père prit une approche plus directe, me donnant des leçons personnelles. Grâce à ces séances, j’ai perfectionné ma technique et approfondi ma compréhension de la cornemuse, guidé par un père qui était non seulement un interprète hors pair, mais aussi un maître pédagogue.
Je rejoignis bientôt le Craigmount High School Pipe Band, participant au groupe Novice Juvenile et découvrant le côté compétitif de la pratique de la cornemuse. Mon premier concours solo à la Bellahouston School de Glasgow, peu après m’être fracturé la jambe en jouant au football, me valut la quatrième place sous le jugement de Harry McNulty, Pipe Major de l’Edinburgh Police Pipe Band. Cette expérience valida la persévérance et le dévouement — plus tard dans ma carrière, je remporterai à deux reprises le championnat régional solo de Lothian and Borders, jouant pour le Lothian and Borders Police Pipe Band, anciennement connu sous le nom de Edinburgh City Police Pipe Band.
Reconnaissant mes compétences croissantes, mon père me présenta à Charles MacLeod Williamson, un ami de la famille et joueur de cornemuse extraordinaire dont le travail avec Edinburgh Corporation Transport et ses compositions personnelles étaient très respectés. Les déplacements hebdomadaires jusqu’à Clermiston devinrent de véritables masterclasses — pédalant sous la pluie ou le soleil pour apprendre non seulement la technique mais aussi l’histoire riche derrière chaque mélodie. Les leçons de Charlie mêlaient technique et récit ; il partageait les origines, l’émotion et le contexte de ses compositions, y compris des pièces orchestrales inspirées d’événements marquants comme la catastrophe minière d’Aberfan.

Charlie MacLeod Williamson
L’approche de Charlie mettait l’accent sur l’authenticité : chaque gracenote et chaque phrase comptaient. Des morceaux comme “Granny MacLeod”, composés dans son adolescence, étaient simplifiés à l’écrit, mais il insistait pour qu’ils soient joués tels qu’ils avaient été conçus. Sous sa tutelle, j’ai appris la discipline, l’intégrité musicale et la profondeur émotionnelle que la musique pouvait transmettre. Je l’appelais affectueusement « mon autre père », reflétant l’immense influence qu’il a eue sur mon développement.
À Shotts, nichée au cœur de l’Écosse, la musique dépasse le simple son — elle est l’âme de la ville, circulant dans les rues et les champs comme un pouls invisible. Pour moi, ces rues formaient la toile de mon adolescence, peinte avec la résonance riche des cornemuses et la marche rythmique des tambours. Au centre de ce tissu vivant se tenait mon père, Danny Connor. Il n’était pas seulement un joueur de cornemuse ; il était un maître de son art, un gardien de la tradition et un homme dont la vie faisait le pont entre l’art de l’interprétation et la précision de la création.
Le parcours musical de mon père était empreint de réussite. Il servit au sein de l’Edinburgh Special Constabulary Pipe Band avant de rejoindre l’Edinburgh Transport Pipe Band, où il devint Pipe Major à seulement dix-neuf ans — le plus jeune à mener un groupe à la victoire lors des Grade 2 World Pipe Band Championships. Plus tard, en tant que joueur de cornemuse de premier plan avec le Shotts and Dykehead Caledonia Pipe Band, il remporta quatre championnats du monde de pipe band, consolidant sa place parmi les légendes de la cornemuse écossaise.
Mais sa maîtrise allait au-delà de l’interprétation. Il était également un fabricant de cornemuses chevronné, formé dans l’atelier légendaire J. & R. Glen Highland Bagpipe Makers sur le Royal Mile à Édimbourg, sous la direction de M. Andrew Ross. L’atelier Glen était un lieu où des générations d’artisans façonnaient la voix même de l’Écosse. Cuillères, ciseaux à tourner et alésoirs de toutes tailles garnissaient les murs, aux côtés d’un tour mécanique de table utilisé pour percer et façonner les tuyaux à la main. Pendant plus de 150 ans, ce petit atelier d’Édimbourg fut le cœur battant de la fabrication de cornemuses des Highlands, jusqu’à sa fermeture, après un héritage qui a traversé les siècles.
L’histoire commença en 1826 lorsque Thomas McBean Glen (1804–1873) fonda l’entreprise dans le Cowgate, dans la vieille ville d’Édimbourg. Traitant initialement d’instruments d’occasion, Glen s’établit comme fabricant de cornemuses et de flûtes dès 1833. Son frère Alexander apporta le savoir-faire de la fabrication de cornemuses qui allait définir l’entreprise. En 1866, les fils de Thomas, John Glen (1833–1904) et Robert Glen (1835–1911), poursuivirent le travail, et en 1911, l’atelier déménagea au 497 Lawnmarket, un centre de fabrication et de collection d’instruments sous la supervision des Glen et de M. Ross. Au fil des décennies, l’atelier servit non seulement des clients privés mais aussi des groupes militaires et municipaux, et ses registres racontent l’histoire des instruments passant du Cowgate aux salons, salles de concert et terrains de parade.

J & R Glen, fabricants de cornemuses, The Royal Mile, Édimbourg
Les mains de mon père portaient cet héritage, l’atelier ayant déménagé sur le Royal Mile d’Édimbourg, où il fit son apprentissage. Je me souviens, des années plus tard, lorsque j’étais encore un jeune garçon, avoir visité l’atelier, rencontré le vieux M. Ross au chapeau melon et son fils Andrew, qui était également apprenti avec mon père. Chaque chanter qu’il façonnait, chaque drone qu’il accordait, était la continuité d’une lignée remontant à Thomas McBean Glen, à travers le Royal Mile, jusque dans sa propre vie. Et pourtant, notre tradition familiale ne commença pas avec lui.
Mon grand-père, Daniel Connor, né et élevé dans le village des Borders de Heriot, en Écosse, avait travaillé les fermes et portait avec lui les Bothy Ballads — des chansons de labeur, de nostalgie et de camaraderie. Il les transmit à mon père, qui les chantait avec fierté, et elles me furent à leur tour transmises. Pour nous, la musique était mémoire incarnée, vivante dans les mots comme dans l’instrument.

Le légendaire Shotts and Dykehead Caledonia Pipe Band des années 1970, mon père, Danny Connor, est à l’arrière, 2ᵉ à partir de la gauche.
Les traditions de Shotts elles-mêmes étaient impressionnantes. J’ai grandi entouré de légendes. Les répétitions hebdomadaires du Shotts and Dykehead Caledonia Pipe Band furent mon introduction à un monde de talent extraordinaire et de discipline. Des noms comme Tom McAllister, Alex Duthart, Drew Duthart, Bertie Barr, Jim Kilpatrick, Robert Mathieson, Davie et Jim Hutton, Bill Shearer, Arthur Cooke, John Scullion, John Barclay, Bob Leitch et Donald Thompson n’étaient pas de simples noms ; ce furent les magiciens de la mélodie dont l’influence façonna le paysage sonore de l’Écosse et au-delà. Mon père jouait à leurs côtés, portant leur héritage tout en y ajoutant sa propre voix au chœur.
Un Hogmanay reste gravé dans ma mémoire. Le Shotts and Dykehead Caledonia Pipe Band, resplendissant dans ses uniformes, se produisit sur la scène du Motherwell Civic Centre, diffusé en direct à travers l’Écosse. L’afterparty rassemblait des géants de la musique — Peter Morrison, Moira Anderson, The Corries et Alasdair MacDonald partageaient la salle avec le groupe. Mon père monta sur une table, chantant les Bothy Ballads transmises par mon grand-père, et la salle éclata de joie. À cet instant, tradition, famille et célébration contemporaine se tissèrent harmonieusement, et je compris que j’étais témoin d’une continuité vivante du patrimoine écossais.
Les Corries eux-mêmes devinrent partie de ce continuum. Je me souviens, adolescent à Bathgate, avoir été conduit dans les coulisses par Roy Williamson et Ronnie Browne, les yeux grands ouverts, recueillant des autographes d’hommes dont la musique était devenue emblématique de l’Écosse.
Dans les moments plus calmes à la maison, je m’asseyais sur l’escalier, écoutant mon père chanter les Bothy Ballads au téléphone, Ronnie et Roy les enregistrant pour leur propre répertoire. Des chansons comme The Wheel of Fortune et The Wedding of Lachie McGraw — jadis chantées par mon grand-père dans les champs de Heriot — voyageaient désormais à travers le temps et l’espace, trouvant vie dans le duo folk le plus célébré d’Écosse.

Les Corries
Grandir au milieu de ces mondes imbriqués d’artisanat, de musique et de famille, c’était comprendre à la fois la fragilité et la force de la tradition. Des collines cultivées de Heriot aux rues pavées d’Édimbourg, du façonnage minutieux des drones dans l’atelier Glen au tonnerre du Shotts and Dykehead Pipe Band, chaque note, chaque outil, chaque ballade portait l’écho des générations. La musique était un héritage, et mon père en était le vecteur, la façonnant de ses mains, de sa voix et de son cœur.
Puis vint mon propre passage dans son monde. Lorsque mon père quitta Shotts, je le suivis, prenant place à ses côtés dans le Lothian and Borders Police Pipe Band, où nous fûmes rejoints par mon frère cadet, Euan, batteur talentueux sous la direction de Bryn Butler puis d’Arthur Cook. Plus tard, mon père et moi passâmes ensemble au City of Glasgow Pipe Band, puis au Scottish Gas Pipe Band. Ces années furent une expérience incroyable — jouer côte à côte avec mon père, absorber ses connaissances, sa discipline et sa compréhension de ce que signifiait véritablement honorer la musique.

Stevie, Euan et Danny Connor, Lothian & Borders Police Pipe Band. Vers 1990.
En vérité, mon père m’avait préparé à entrer dans son monde, à comprendre l’artisanat, les traditions, le rythme de la communauté des pipe bands. Quelle chance avais-je ? Marcher sur ce chemin, partager ces scènes, hériter non seulement de compétences mais d’un héritage, et le faire vivre à ma manière — plus tard, j’allai rejoindre le légendaire Piper Alasdair Gillies aux États-Unis, jouant pour les Carnegie Mellon University Pipes and Drums, mais ceci est un tout autre chapitre.
Dans ce sens, les légendes de Shotts n’étaient pas des figures lointaines — elles étaient famille, mentors et voisins. L’atelier Glen, les Bothy Ballads, le Shotts and Dykehead Pipe Band, les Corries — tous font partie d’une chaîne vivante où l’artisanat, la chanson et le dévouement se rejoignent.
Mon adolescence, façonnée par ces influences, fut une symphonie de tradition, de brillance et d’appartenance. La musique qui a façonné mon grand-père, mon père et moi n’était pas simplement le patrimoine écossais. Elle était notre héritage — un héritage qui résonne encore à chaque note jouée, chaque histoire racontée, et chaque cornemuse façonnée par des mains qui se souviennent des générations précédentes.
Ces années furent incroyables, mon père en était le vecteur, les façonnant de ses mains, de sa voix et de son cœur. L’atelier Glen, les Bothy Ballads, le Shotts and Dykehead Pipe Band, les Corries — tous font partie d’une chaîne vivante d’artisanat, de chanson et de dévouement.
En repensant à tout cela, Le Long Chemin vers Flin Flon, je me sens profondément béni pour les expériences que j’ai vécues. En écrivant ces mémoires, en revisitant ces souvenirs, je prends conscience que tout ce à quoi j’ai été exposé dans la musique — des Bothy Ballads de Heriot aux championnats de Shotts, de l’atelier Glen à jouer aux côtés de légendes — était destiné à enseigner, à nourrir et à façonner mes propres compétences.
Et me voici, ayant vécu une vie pleine, portant en moi les échos de tant de vies avant la mienne. Vraiment, c’est extraordinaire.

Lothian & Borders Police Pipe Band, pochette de l’album Centennial 1890 – 1990.
Photo prise à Whitehorse Close, près du Royal Mile, Édimbourg, Écosse. Stevie Connor, en haut à gauche, Danny Connor, quatrième rang depuis le bas, à droite sur les marches, Euan Connor, rangée du bas debout, troisième à partir de la droite.

Stevie Connor, polymathe de la scène musicale né en Écosse, est reconnu pour sa polyvalence exceptionnelle dans de nombreux domaines de l’industrie. Destiné au départ à une carrière dans le football, c’est pourtant dans la musique que Stevie a trouvé sa véritable vocation. Son parcours éclectique l’a vu s’illustrer en tant que musicien, compositeur, artiste d’enregistrement, journaliste et pionnier de la radio sur Internet.
En 2012, Stevie a fondé Blues and Roots Radio, une plateforme en ligne qui est rapidement devenue une scène mondiale pour les musiques blues, roots, folk, americana et celtiques. Grâce à son leadership visionnaire, la plateforme a acquis une renommée internationale. Non satisfait de s’arrêter là, Stevie a élargi son empreinte en 2020 en créant The Sound Cafe Magazine, une publication multilingue dédiée aux entrevues avec des artistes, aux critiques d’albums et à l’actualité musicale.
L’influence de Stevie dépasse largement le cadre de ces deux plateformes. Son oreille avertie et sa fine compréhension de l’industrie lui ont permis d’être sélectionné comme juré pour des prix nationaux prestigieux tels que les JUNO Awards, les Canadian Folk Music Awards et les Maple Blues Awards. Par ses efforts infatigables, il s’est forgé une solide réputation au sein de la communauté musicale, gagnant le respect tant de ses pairs que des artistes.
Malgré ses nombreuses responsabilités, Stevie reste profondément attaché à ses racines, tant sur le plan musical que géographique. Il continue d’enrichir activement le tissu vivant du monde musical, veillant à ce que son influence se fasse sentir bien au-delà de toute plateforme unique. Sa passion durable et son engagement envers la musique font de lui une véritable figure de proue de l’industrie.
Stevie est un journaliste vérifié sur la plateforme mondiale de relations publiques Muck Rack.