Article exclusif : Entre les notes — Le cœur de Mick Hanly
- Megan Routledge
- 26 juil.
- 8 min de lecture

Introduction par Megan Routledge
Certains chapitres de la vie se déroulent en silence, sans fanfare — juste un message simple, une mélodie retrouvée, ou un livre arrivé par la poste. C’est ainsi que celui-ci a commencé. Lorsque Mick Hanly, l’un des auteurs-compositeurs les plus précieux d’Irlande, a contacté Stevie Connor avec un mot et un exemplaire de ses mémoires Wish Me Well, il ne pouvait pas deviner l’onde qu’il allait provoquer — non seulement dans les souvenirs de Stevie, mais aussi dans l’héritage qu’il construit discrètement depuis des décennies à travers la musique, la radio et le récit.
Dans cet extrait de The Long Road to Flin Flon, nous suivons les réflexions de Stevie sur les esprits frères qui ont façonné son parcours — des artistes comme Hanly, Davy Spillane et Steafan Hannigan, dont la musique a allumé des étincelles dans le cœur d’un jeune musicien en Écosse. C’est une histoire profondément personnelle, mais qui résonne en chacun de nous — chez tous ceux qui ont un jour trouvé une part d’eux-mêmes dans une chanson, ou senti le poids d’un air transmis comme un secret entre amis.
Stevie ne se contente pas de raconter ce qui s’est passé — il nous le fait ressentir. De ses débuts modestes avec Blues and Roots Radio à la reconnaissance internationale, jusqu’à la fondation de The Sound Cafe, ce chapitre est une lettre d’amour au pouvoir de la musique : celui de rassembler, d’inspirer et de durer. Un rappel que parfois, les choses les plus extraordinaires commencent par un simple bonjour — et que la route, aussi longue soit-elle, est embellie par les personnes que l’on croise en chemin.

Il nous est arrivé des choses vraiment formidables au fil des années, d’abord avec Blues & Roots Radio, puis avec The Sound Cafe.
C’est difficile à expliquer, la manière dont la musique entre dans nos vies — ou comment les personnes derrière les chansons semblent apparaître exactement au moment où on en a le plus besoin. Ce qui avait commencé comme une idée dans une chambre libre est devenu une plateforme mondiale reliant des artistes indépendants à un public au-delà des frontières, des fuseaux horaires et des genres musicaux. En chemin, nous avons reçu quelques prix — une reconnaissance nationale et internationale — et à un moment donné, l’équipe m’a fait l’honneur de me décerner le prix Unsung Hero de Blues & Roots Radio. Je ne l’avais pas demandé, je ne m’y attendais pas, mais je l’avoue… ça m’a profondément touché. C’était un moment pour faire le point. Pas seulement sur le travail accompli, mais sur les personnes que cette aventure a mises sur mon chemin.
L’une de ces personnes, c’était Mick Hanly.
Je n’oublierai jamais le jour où j’ai ouvert un courriel de sa part. C’était tout simple. Il me demandait si j’étais intéressé à présenter son nouvel album, Homeland. J’étais stupéfait. Honoré. Mick Hanly — un géant de la musique irlandaise — qui me contactait directement. Il n’était pas passé par un attaché de presse ou une maison de disques. C’était juste Mick, qui écrivait pour dire bonjour, et nous demander si on voulait bien écouter.
Bien sûr qu’on allait écouter.
Je me suis plongé immédiatement dans Homeland. C’était intime, dépouillé, sincère — une musique qui n’avait rien à prouver, mais tout à dire. J’avais toujours admiré l’écriture de Mick. Son nom résonnait bien au-delà de l’Irlande, jusqu’à Nashville, où sa chanson Past the Point of Rescue est devenue un énorme succès pour Hal Ketchum. Mais pour moi, c’est la propre voix de Mick qui renferme le vrai trésor. Son phrasé, sa manière d’interpréter, la façon dont il laisse respirer les paroles — il n’y avait pas d’ego, juste de la vérité.
Nous avons présenté Homeland sur Blues & Roots Radio, et j’ai écrit une critique de l’album, avec le soin qu’il méritait.
Et à ma grande surprise et joie, Mick a été sincèrement touché. Il m’a envoyé un exemplaire de ses mémoires, Wish Me Well: Notes on My Sleeve, signé de sa main, sans aucun battage. Juste un geste discret de reconnaissance. Je ne m’y attendais pas — il est simplement arrivé un jour, déposé à ma porte.
Un de ces moments où l’on s’arrête et où l’on se dit : voilà… c’est exactement pour ça qu’on fait tout ça.

Le parcours musical de Mick Hanly ressemble à une carte routière traversant le cœur du folk irlandais — mais ce n’est pas seulement son CV qui impressionne, c’est l’âme derrière tout cela qui le rend vraiment unique. Né à Limerick en 1949, Mick a grandi au cœur de l’âge d’or du rock ’n’ roll, apprenant la guitare en autodidacte et montant pour la première fois sur scène à l’école primaire avec Livin’ Doll. Mais il ne tarda pas à se tourner vers la tradition folk — attiré par le son envoûtant des uilleann pipes de Willie Clancy et le génie de composition de Seán Ó Riada. Ces premières influences résonnent encore aujourd’hui dans tout ce qu’il a écrit depuis.
La carrière de Mick démarre véritablement au début des années 1970, lorsqu’il forme le duo Monroe avec Mícheál Ó Domhnaill. Ils formaient un duo d’exception — harmonies serrées, arrangements puissants, et un amour commun pour la tradition autant que pour l’expérimentation. Ils ont participé à une sorte d’échange culturel en se produisant en Bretagne, à une époque où cette région connaissait elle aussi un renouveau folk. C’était une période vibrante, pleine d’enthousiasme — un creuset d’influences celtiques, où l’Irlande et la Bretagne se répondaient en reels, airs et ballades. Cette collaboration a mené à l’album culte Celtic Folkweave, avec la participation de sommités de la musique irlandaise : Liam O’Flynn, Dónal Lunny et Matt Molloy. Ce disque reste une référence — brut, élégant, et plein de vie.
Après la dissolution de Monroe en 1975, Mick a poursuivi sa route de troubadour — faisant des allers-retours entre la Bretagne et l’Irlande — enregistrant des albums solo et collaborant avec des légendes comme Andy Irvine, Noel Hill et Declan Sinnott. Il était omniprésent durant l’explosion folk de la fin des années 70, non pas comme une figure en arrière-plan, mais comme une voix centrale qui a façonné la scène. Son passage avec Moving Hearts de 1982 à 1985 a révélé une autre facette de lui — mêlant folk, rock et jazz d’une manière à la fois audacieuse et entraînante.
Mais au-delà de toutes ses collaborations et de ses prestations scéniques, c’est une chanson qui a véritablement scellé sa place dans le panthéon : Past the Point of Rescue. D’abord enregistrée par Mary Black en 1988, puis transformée en tube classé dans les charts Billboard par Hal Ketchum en 1991, cette chanson est une leçon magistrale de précision émotionnelle. Je me souviens de la première fois que je l’ai entendue — ce mélange d’usure et d’espoir, enveloppé dans une mélodie qui vous reste longtemps après la dernière note. C’est le genre de chanson qui fait dire à d’autres auteurs-compositeurs : « Voilà, c’est celle-là. »
L’histoire de Mick ne se résume pas à une série de succès — c’est une histoire de fidélité à ses racines, d’écriture sincère et profonde, et de générosité envers les autres. Il est un pont entre l’ancien monde et le nouveau, et son œuvre continue d’inspirer tous ceux d’entre nous qui croient encore qu’une chanson peut porter la vérité plus loin que n’importe quel sermon ou discours.
Lire son livre, c’était une expérience à part.
Mick n’écrit pas comme un homme qui récite ses succès. Il écrit comme un survivant. Un troubadour. Un témoin. Il parle de son enfance à Limerick, de la brutalité des écoles des Frères chrétiens, de ses débuts sur la route, de l’alcool, des peines de cœur, des hauts et des bas d’une vie musicale menée selon ses propres termes. Il n’a pas peur de montrer les failles. Et c’est ce qui rend la lumière dans ses récits encore plus éclatante.
Et quelles histoires ! Remplacer Christy Moore au Baggot Inn avec Moving Hearts, jouer dans les bars de Bretagne, se retrouver au cœur de la machine à écrire de Nashville, partager des chansons avec Dolores Keane… C’est une vie vécue pleinement, racontée avec humilité et un humour affûté. Chaque page me rappelait pourquoi je suis tombé amoureux des chansons.
Je n’ai jamais vu Mick en concert. Et c’est quelque chose que je regretterai toujours. Mais à travers Homeland et Wish Me Well, j’ai l’impression de m’être assis en face de lui — d’avoir entendu la vérité dans sa voix, la réflexion dans ses paroles. C’est le genre d’artiste qui vous rappelle l’essentiel : les histoires, l’honnêteté, la connexion. Pas de poudre aux yeux. Pas d’artifice.
Cette connexion m’a ramené à l’époque où je n’étais qu’un jeune musicien, encore en train de trouver mes repères, absorbant tous les sons de la musique irlandaise traditionnelle et contemporaine. Des artistes comme Mick, et des musiciens comme Davy Spillane et Steafan Hannigan étaient mes héros. Davy et Steafan, en particulier, sont ceux qui m’ont donné envie de jouer du tin whistle irlandais. J’étais captivé par ce son — son âme, sa mélancolie — et j’ai su que je devais, moi aussi, essayer de faire cette musique. Ils ont allumé l’étincelle.
Et cette étincelle… a tout déclenché.
(Petite parenthèse : j’ai un autre chapitre consacré à Steáfán et à son extraordinaire famille musicale. J’ai eu la chance de passer du temps en leur compagnie à de nombreuses reprises. Mais j’en parlerai plus loin…)

Tu vois, la création de Blues & Roots Radio, puis de The Sound Cafe, n’a jamais été une question de chiffres ou de statut. Ça a toujours été pour des moments comme celui-là. Quand un artiste que tu as admiré de loin tend la main, et que cela devient quelque chose de réel. Quand la musique trouve un moyen d’entrelacer vos vies, même brièvement.
Pour moi, Mick Hanly fait partie de ces artistes qui n’ont jamais eu besoin des projecteurs pour briller. Il lui suffisait d’une guitare, d’une mélodie, et d’une raison de chanter. Son œuvre me rappelle pourquoi on fait tout cela — pourquoi on écoute, pourquoi on écrit, pourquoi on s’en soucie.
Et maintenant, alors que je poursuis The Long Road To Flin Flon, je porte tous ces souvenirs avec moi — ces moments de pure synchronicité, ces amitiés inattendues, et ces chansons devenues des balises sur le chemin. Je pense à des artistes comme Mick, des âmes sœurs qui m’ont inspiré d’une manière que je n’aurais jamais pu imaginer au début de cette aventure.
Ça a été un voyage magnifique. Et ce n’est pas fini.
Go raibh míle maith agat as an mbronntanas, a Mhick – ciallaíonn sé an domhan dom.Mille mercis pour le cadeau, Mick – il signifie le monde pour moi.
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Stevie Connor, polymathe de la scène musicale né en Écosse, est reconnu pour sa polyvalence exceptionnelle dans de nombreux domaines de l’industrie. Destiné au départ à une carrière dans le football, c’est pourtant dans la musique que Stevie a trouvé sa véritable vocation. Son parcours éclectique l’a vu s’illustrer en tant que musicien, compositeur, artiste d’enregistrement, journaliste et pionnier de la radio sur Internet.
En 2012, Stevie a fondé Blues and Roots Radio, une plateforme en ligne qui est rapidement devenue une scène mondiale pour les musiques blues, roots, folk, americana et celtiques. Grâce à son leadership visionnaire, la plateforme a acquis une renommée internationale. Non satisfait de s’arrêter là, Stevie a élargi son empreinte en 2020 en créant The Sound Cafe Magazine, une publication multilingue dédiée aux entrevues avec des artistes, aux critiques d’albums et à l’actualité musicale.
L’influence de Stevie dépasse largement le cadre de ces deux plateformes. Son oreille avertie et sa fine compréhension de l’industrie lui ont permis d’être sélectionné comme juré pour des prix nationaux prestigieux tels que les JUNO Awards, les Canadian Folk Music Awards et les Maple Blues Awards. Par ses efforts infatigables, il s’est forgé une solide réputation au sein de la communauté musicale, gagnant le respect tant de ses pairs que des artistes.
Malgré ses nombreuses responsabilités, Stevie reste profondément attaché à ses racines, tant sur le plan musical que géographique. Il continue d’enrichir activement le tissu vivant du monde musical, veillant à ce que son influence se fasse sentir bien au-delà de toute plateforme unique. Sa passion durable et son engagement envers la musique font de lui une véritable figure de proue de l’industrie.
Stevie est un journaliste vérifié sur la plateforme mondiale de relations publiques Muck Rack.