Par Megan Routledge.
Musicien aux talents multiples, Daniel Isaiah captive les auditoires avec ses performances à la guitare et au piano, tout en laissant une empreinte indélébile avec sa voix unique. Ses chansons méticuleusement travaillées ont été qualifiées de "sublimes" par le magazine American Songwriter, ont atteint la première place sur les stations de campus canadiennes, ont été sélectionnées comme morceau de la semaine par The Globe and Mail, et ont été diffusées en rotation sur CBC Radio 3.
De son spectacle en direct, le journaliste canadien éminent Alan Cross a déclaré : "En trente secondes sur scène, j'étais fasciné... Extrêmement évocateur, atmosphérique et même légèrement menaçant. Les chansons étaient formidables." La performance d'Isaiah lors de l'hommage à Leonard Cohen au Rialto a été saluée par La Presse comme "époustouflante".
Parmi les autres moments forts de ses concerts, citons ses apparitions dans des festivals tels qu'Osheaga, SXSW et Pop Montreal ; ses premières parties pour Stephen Malkmus, Van Dyke Parks, Patrick Watson et Basia Bulat. Et des tournées au Québec, en Ontario, à New York et en Italie.
Cependant, le véritable talent d'Isaiah réside dans ses capacités de composition, qui atteignent de nouveaux sommets sur son prochain album, "To Live a Wild Life". Les chansons créent une conversation captivante, luttant contre le chaos et la mort, mais affirmant finalement la vie dans tous ses détours imprévisibles.
Isaiah débute son nouvel album par la ligne : "Me voici / Inévitablement, dans la cité des hommes", un clin d'œil à la Cité terrestre de saint Augustin, où les gens poursuivent les plaisirs matériels dans le monde temporel. "Ici, l'écriture est sur le mur / entre toi et moi, il n'y a rien du tout." La ligne peut être ambiguë, mais au fur et à mesure que la chanson progresse, le pessimisme prévaut. La beauté est déformée. Tout grandit pour pourrir. Et aussi mauvaises que soient les choses, le pire n'est même pas encore arrivé. La chanson se termine : "Si tu as de la chance, tu peux apercevoir / par-dessus le mur quelque chose de mieux que ça."
Cette aspiration à un au-delà inatteignable persiste. "Tout ce que je veux, c'est vivre une vie sauvage", chante Isaiah, "et mourir une mort paisible". La vie sauvage semble être un refuge loin du monde des prétendus événements actuels. La tête d'Isaiah est pleine de discours de crise. Des idées et des pensées d'occasion. Des mauvaises nouvelles qu'il ne peut pas utiliser. Néanmoins, il trouve du réconfort dans sa solitude : "Je suis hors d'haleine et nu / tout seul mais pas désespéré / la beauté est partout."
La beauté abonde dans le paysage onirique de "Kythira", une chanson qui puise son inspiration dans le mythe grec de Baucis et Philemon, où un couple âgé est transformé en chênes et tilleuls entrelacés par les dieux en récompense de leur gentillesse, leur accordant une éternelle proximité.
Isaiah redescend sur terre avec "I've Got a Lot Riding on You", une chanson née pendant la pandémie lorsque Montréal était soumise à un couvre-feu strict. La chanson reconnaît "Nous ne guérirons jamais tout ce qui est malade / Nous ne réparerons jamais ce qui ne peut pas être réparé / Mais nous ne sommes pas brisés, nous léchons simplement nos blessures / Et j'ai beaucoup en jeu sur toi." Isaiah précise que cette ligne n'implique pas la dépendance mais reconnaît plutôt que nous sommes ensemble dans cette épreuve, trouvant force et soutien les uns dans les autres.
"Song of You" narre le récit tragique d'un mari et père qui se donne la mort. La chanson change de perspective, d'abord du point de vue du mari alors qu'il s'enfonce dans les bois avec un fusil, puis du point de vue de sa femme : "Elle a entendu le coup depuis leur lit / Derrière les arbres, le ciel virait au rouge / Les oiseaux chantaient aussi." Les refrains sont dirigés vers leur enfant : "C'était ta chanson / Il te la chantait," et dans le déchirant dernier refrain : "C'était ta chanson / Qu'il te laisserait."
La face B débute avec "Brock Avenue", pièce maîtresse de l'album. L'automne dernier, Isaiah a fait une longue promenade dans le quartier où il a grandi. Cela ressemblait à ce dont il se souvenait, sauf qu'il ne connaissait personne là-bas - alors qu'il aurait pu vous dire le nom de chaque adulte et enfant du pâté de maisons lorsqu'il y vivait. Enfin, il a reconnu quelqu'un : une voisine, s'occupant de son jardin impeccable. Il ne l'avait pas vue depuis plus de vingt ans. Isaiah a appelé son nom, et elle est venue. Elle a dit : "Je suis désolée pour ta mère", qui était décédée, et l'a étreint. C'était une rencontre puissante qui a déverrouillé les paroles d'une mélodie qu'il avait fredonnée pendant de nombreuses années.
"Waking Life" est un témoignage du talent narratif d'Isaiah en tant que compositeur. La chanson explore les pensées intérieures d'une enseignante attendant dans le froid glacial son bus pour rentrer chez elle, méditant sur une rupture qui l'a conduite à une décision ferme : "Elle ne veut pas d'un autre homme." Elle réfléchit aux échos malheureux de son passé, reconnaissant les parallèles entre sa relation ratée et celle que ses parents ont endurée. Au fur et à mesure que la chanson atteint son apogée, une torsion surréaliste perturbe le réalisme du récit. Le bus n'est pas arrivé à l'heure, et son regard s'étend le long de la route, maintenant infinie dans son étendue.
"At The Celebration" relate humorously un mariage champêtre du point de vue d'un invité détaché. Le père de la mariée rit des vœux du marié, maman peine à "garder son sérieux", et le caméraman est sous MDMA. Après le mariage, le narrateur et son conjoint se remémorent leur propre jour de mariage et les défis de maintenir leur amour, décrits comme "passer par le chas d'une aiguille."
L'album se termine avec "Oblivion", frappant une note sobre et belle, embrassant la résignation et l'affirmation de la vie face à la mort. Isaiah déclare, "Oh, je sais que je ne comprendrai jamais / Une architecture si vaste / Je renoncerai à ma plainte / Et tomberai amoureux de mon destin / Oubli."
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